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« Comment nous avons reconverti des anciens salariés du prépresse au métier de journaliste »

Pierre Mauchamp © Stéphane Mortagne / La Voix du Nord

11/04/2018 - L'actu d'ESJ Pro

Depuis septembre 2017, et jusqu’en juin, ESJ PRO accompagne un groupe de 10 anciens techniciens du prépresse prémédia de La Voix du Nord pour les former au métier de journaliste tous supports. Pierre Mauchamp est directeur de la rédaction du quotidien nordiste. Il explique les raisons de cette formation.

 

Pourquoi avez-vous décidé de reconvertir des salariés du prépresse prémédia publicitaire en journalistes ?

Cette opération a été menée dans le cadre de la réorganisation globale de l’entreprise qui se convertit au numérique. Nous avons tout remis à plat. Nous avons redéfini les postes et les missions au sein de tous les services pour être capables de produire des contenus journalistiques sur le numérique en premier, puis sur le papier. Nous avons, en parallèle, mené un plan de départs volontaires. Nous savions que le prémédia [le prépresse chargé de réaliser des publicités] allait changer et que nombre de ses missions allaient être externalisées. Nous avons donc décidé de proposer un autre débouché aux salariés de ce service, en les intégrant à la rédaction comme éditeurs numériques notamment. Nous avons lancé un appel au volontariat : sur 12 candidats, 11 ont été admis à intégrer le groupe (qu’une seule personne a abandonné depuis le début de la formation).

 

Vous avez consulté ESJ PRO qui vous a proposé un parcours de 9 mois alternant formations* et présence en entreprise. Cette formation était nécessaire ?

Notre objectif était d’aider ces salariés qui connaissent très bien l’entreprise à devenir journalistes, à se vivre comme des journalistes, à apprendre les bases et à avoir les réflexes de journalistes. Avec ESJ PRO, nous avons élaboré une année de formation qui va dans ce sens afin de leur apprendre le sens de l’info, la hiérarchie, les choix. Qu’ils sachent comment on écrit un article, comment on va chercher une info. Il était important pour nous que ces formations soient dispensées, via ESJ PRO, par des journalistes venus de l’extérieur, d’horizons divers et de différents médias avec des visions et des expériences variées, mais aussi avec une vraie connaissance de l’info locale. ESJ PRO est reconnu pour s’adapter aux demandes et besoins des entreprises de presse. Il était également important pour nous que ce programme se fasse en alternance (avec des tuteurs au sein de La Voix du Nord) : quand les salariés ne sont pas en formation, ils sont en poste. Cela permet de progresser plus vite, de se confronter au terrain et de revenir en formation avec des questions concrètes. Ces allers-retours favorisent l’apprentissage : c’est itératif et pragmatique. Et cela permet d’adapter les formations.

 

Quel bilan tirez-vous à quelques mois de la fin de la formation ?

Il est bon d’abord parce que 10 des 11 salariés qui ont démarré la formation ont tenu. Ils vont achever le cycle et, s’ils sont déjà des journalistes, ils auront acquis de vrais compétences et une vraie légitimité auprès de leurs consoeurs et confrères, c’est important. Ils avaient de très bonnes compétences techniques mais pas de réflexes journalistiques ; désormais ils auront les deux. Même s’ils n’iront pas tous et pas dans un premier temps sur le terrain, en tant qu’éditeur il était important qu’ils comprennent tous les maillons de la chaîne. Savoir comment on va chercher une info, comment on l’écrit est indispensable, même pour les éditeurs.

 

Ces derniers mois, La Voix du Nord a révolutionné le traitement de l’info locale et est passée au numérique first. Comment cela se passe ?

C’est une révolution. Après quelques semaines d’adaptation avec de nouveaux métiers, une nouvelle organisation, deux nouveaux sites, on commence à prendre nos marques. Le chemin est encore long mais on est sur la bonne voie. Désormais on traite l’info locale comme une info nationale ou internationale : avec originalité, recul, plus-value, décryptage. Et les retours lecteurs sont bons : ils trouvent le journal plus dynamique ; le numérique nous a aidé à améliorer les modes de traitement sur le papier.

 

*Sur 85 jours de formation, 24 sessions, notamment écrire pour un journal ou un site, droit de la presse, réseaux sociaux, les bases de l’info locale, écriture web et enquête sur Internet, genres rédactionnels, titre et titraille, photo et vidéo de presse, ortho-typo, infographie de presse, intégration texte-image, outils du web, data-journalisme, traquer les fake news, enrichir son offre vidéo, couvrir l’actu en live, confiance en soi. Sans oublier la réalisation d’un site et d’un magazine école.

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