07/02/2017 - Anciens étudiants : que deviennent-ils ?
Louise Audibert, 29 ans, est lauréate de la Bourse Lagardère 2016. Ancienne étudiante en journalisme de presse écrite à l’ESJ PRO, elle nous explique comment elle a proposé sa candidature à ce concours, et elle revient sur ce qu’est être journaliste freelance aujourd’hui.
Louise, tu as décroché la Bourse Lagardère dernièrement. Avec quel sujet as-tu candidaté ?
J’ai remporté ce prix fin 2016. Il m’a été remis le 24 janvier dernier. Cette bourse s’élève à 10 000 euros. Je suis contente car il s’agissait de ma 2e tentative à la Bourse Lagardère. La première fois que j’y ai postulé, en 2015, j’avais proposé un sujet sur des joueurs de football africains qui tentent leur chance au Népal. Ce reportage a finalement été publié l’été dernier dans la revue XXI. Candidater à cette bourse n’est pas chose aisée : il faut présenter plusieurs documents, son CV, une lettre de motivation, des attestations qui prouvent que l’on est bien journaliste indépendant. Il faut également étoffer au mieux le synopsis de son sujet, avancer des éléments de pré-enquête et un budget prévisionnel des dépenses prévues pour notre reportage… Une fois ces documents rassemblés, il fallait envoyer le tout avant le 10 juin 2016. Sur l’ensemble des candidatures reçues, seules six personnes ont été retenues pour l’oral en octobre avant que je ne décroche ce prix.
Depuis quand travailles-tu sur cette enquête ?
Je m’y penche depuis le mois de mai dernier. Le hasard a fait, qu’un jour, j’ai rencontré une personne membre de ce trafic. Elle m’en a longuement parlé alors même qu’elle savait que j’étais journaliste. C’est comme cela que j’ai décidé de creuser ce sujet.
10 000 euros pour financer une enquête, ce n’est pas négligeable ?
Aujourd’hui, cette enquête progresse lentement mais sûrement. J’attendais d’avoir cette bourse pour m’y mettre sérieusement. Désormais, je peux passer au travail de terrain. Pour ce sujet, il va me falloir voyager énormément. Par chance, j’ai l’aide de plusieurs personnes pour la logistique et pour ma sécurité. Normalement, on a entre trois à cinq ans pour livrer notre sujet. J’espère, pour ma part, finir ce reportage d’ici la fin 2017. Des rédacteurs en chef, membres du jury de cette bourse, m’ont déjà approchée pour que je leur propose ce sujet. C’est agréablement surprenant. C’est la première fois de ma vie que j’ai le choix parmi les médias. Cela n’a pas de prix !
Tu es journaliste freelance. Est-ce un choix ?
Être journaliste freelance, c’est être dans une précarité permanente car tu n’as pas de revenu régulier. Quand tu es freelance, tu dois sans arrêt trouver de nouvelles idées, taper plusieurs fois à la porte des rédactions dans l’attente d’une réponse. Il faut être également culotté et ne jamais lâcher l’affaire. C’est parfois dur quand tu essuies des réponses négatives,… enfin, quand tu as des réponses ! Ce n’est pas évident pour le moral. Et il y a des jours durant lesquels tu te demandes si tu as fait le bon choix. Je suis journaliste freelance car, sur le marché de l’emploi, il n’y a pas de places à foison. Je suis, quelque part, devenue journaliste freelance par la force des choses. En même temps, je suis libre. Je gère mon emploi du temps comme je le souhaite. Aujourd’hui, j’habite au Népal. J’ai décidé de m’installer là bas car il y a, à mon sens, plusieurs sujets à traiter en Asie du Sud-Est. J’adore cette région du monde, j’y ai beaucoup voyagé. A Paris, il y a déjà pas mal de freelances. Il faut, je pense, essayer de se démarquer des autres. A Katmandou, je n’ai trouvé aucun journaliste francophone. Je me suis dit qu’il y avait là un terrain à prendre.
Penses-tu que cette bourse va faciliter ton travail de freelance ?
J’aimerais le croire. Mais je ne le pense pas. A moins de décrocher le prix Albert-Londres ou bien le prix Pulitzer, il va falloir que je continue à me battre pour vendre des piges dans les rédactions. Tout ce que je souhaite aujourd’hui, c’est juste gagner ma vie avec cette profession. Si cette bourse m’aide à gagner en visibilité, cela sera déjà chouette. Mais, je n’ai pas l’intention de me reposer sur mes lauriers.