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Datajournalisme : au New-York Times, les journalistes-codeurs créent eux-même des applications

Les différentes étapes du journalisme de données : de la récupération des infos à leur visualisation et éditorialisation. © Mirko Lorenz / CC / Flickr.com

12/11/2014 - Un oeil sur les médias

Développeur de formation, Pierre Romera a fait du datajournalisme sa spécialité. Chez OWNI, il était responsable des applications web, avant de fonder Journalism++, agence de journalisme de données, avec Nicolas Kayser-Bril. Du 19 au 21 novembre, il anime, à l’ESJ PRO, la formation « Datajournalisme – niveau 1 ». Il nous livre ici quelques clés pour comprendre ce nouveau traitement de l’information.

 

Y a-t-il des pré-requis pour se former au datajournalisme ?

 

Dans le cadre de cette formation, on ne vous demandera pas beaucoup de pré-requis. Il vous faudra avoir les bases de gestion d’un ordinateur, savoir utiliser un navigateur, avoir un compte Google car nous allons utiliser plusieurs outils sur Google Drive. Par ailleurs, il ne faut pas avoir peur d’utiliser plusieurs outils différents en même temps. Enfin, maîtriser le code HTML n’est pas une nécessité car, lors de cette session, nous partons du principe que les participants sont débutants et nous en profitons pour leur apprendre les bases de l’HTML.

 

En tant que datajournaliste, quelle place a aujourd’hui, d’après vous, cette spécialité dans les rédactions ?

 

Au sein des rédactions françaises, les personnes spécialisées dans la gestion des données sont peu nombreuses. La plupart du temps, ce sont des personnes qui se sont formées seules, sur le tas. Pour étant, on voit de plus en plus émerger des initiatives notables comme ce que font Les décodeurs au Monde.

 

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Pierre Romera

Chez Owni (le site a fermé en décembre 2012, ndlr), on était les premiers à investir le terrain du datajournalisme, en faisant travailler ensemble journalistes, développeurs et designers. Cette nouvelle forme de production de l’information était une innovation en France.

 

Coté datajournalisme, la rédaction du New York Times est une référence. Ce quotidien dispose d’une armée de développeurs. Mais elle a aussi, au sein de ses équipes, des journalistes qui savent coder. Ces derniers créent eux-même leurs applications interactives, et font appel aux développeurs si besoin. Cette méthode de produire de nouveaux contenus fait aujourd’hui école.

 

Côté données, y a-t-il des tendances ?

 

En tant que datajournalistes, on utilise de plus en plus de sources mises à disposition via l’Opendata. Aujourd’hui, les administrations publiques ouvrent leurs données au grand public. Cela nous fait un matériel substantiel.

 

Parmi les différentes réalisations en datajournalisme que l’on peut trouver le net, pouvez-vous nous citer quelques-uns de vos coups de coeur ?

 

J’aime beaucoup ce que fait l’équipe de Propublica. Cette fondation, qui vit principalement de dons, se base non pas sur la dataviz, mais privilégie l’enquête et l’utilisation des données dans ce sens.

pariteur

Autre projet intéressant, « Le Pariteur ». Cette application, développée par We Do Dataavec France TV, vous montre les disparités de salaires entre hommes et femmes sur un même métier. Ce projet est assez intéressant car il y a une réelle interactivité avec l’internaute. Par ailleurs, on y trouve du contenu éditorial qui vous permet d’analyser vos résultats.

 

Enfin, 3e travail que je peux mentionner : l’enquête qu’a mené Alexandre Lechenet, du Monde.fr, avec les données d’Amelie-direct.fr. En comparant les honoraires des médecins parisiens au tarif de base de la Sécurité sociale pour une consultation, il a mis en évidence les disparités entre Paris et la région, et a également cartographié les établissements parisiens où les dépassements d’honoraires sont le plus constatés.

Propos recueillis par V. ASSE

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